L'Islam, en tant que mode de vie complet, fournit des directives claires sur les affaires économiques et les transactions financières. Parmi les interdictions les plus strictes figure celle du Riba, souvent traduit par "usure" ou "intérêt". Le Riba est catégoriquement proscrit dans l'Islam, et cette interdiction est ancrée dans les textes sacrés tels que le Coran et les Hadiths, ainsi que dans les Fatwas (avis juridiques) émises par les savants musulmans. Découvrez la notion de Riba, ses implications, et pourquoi il est crucial pour les musulmans d'éviter cette pratique.
Qu'est-ce que le Riba ?
Le terme Riba en arabe signifie littéralement "augmentation" ou "excès". Dans le contexte économique et financier, il se réfère à toute forme de gain injuste ou de profit excessif obtenu à travers l'emprunt ou le prêt d'argent, où des intérêts sont exigés en plus du montant initial.
Les types de Riba
Les savants musulmans identifient principalement deux types d'usure :
- Riba al-Nasiyah : L'intérêt sur le prêt d'argent, où un montant supplémentaire est exigé au-delà de la somme empruntée. Par exemple, prêter 100 euros et exiger 110 euros en retour.
- Riba al-Fadl : Un excès injuste dans l'échange de biens de même nature mais de quantités ou de qualités inégales, comme échanger 1 kg d'or contre 1,5 kg d'or.
L'interdiction de l'usure dans le Coran
Le Coran est explicite sur l'interdiction du Riba. Plusieurs versets condamnent fermement cette pratique :
- Sourate Al-Baqarah (2:275-279) :
"Ceux qui pratiquent l'usure ne se lèveront (au Jour du Jugement) que comme se lève celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu'ils disent : 'Le commerce est tout à fait comme l'usure'. Alors qu'Allah a permis le commerce et interdit l'usure."
Ces versets clarifient que le Riba est considéré comme une forme d'injustice et d'exploitation. Allah compare les transactions commerciales licites avec l'usure, soulignant que si le commerce est permis, l'usure est strictement interdite.
- Sourate Al-Imran (3:130) :
"Ô vous qui avez cru! Ne vous nourrissez pas de l'intérêt (usuraire), multiplié plusieurs fois. Et craignez Allah afin que vous réussissiez!"
Ce verset met en garde contre l'accumulation des intérêts et encourage les croyants à craindre Allah pour atteindre le succès.
L'Interdiction du Riba dans les Hadiths
Les Hadiths du Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur lui) renforcent l'interdiction de l'usure :
- Hadith rapporté par Muslim :
"Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a maudit celui qui consomme le Riba, celui qui le donne, celui qui en est témoin et celui qui le documente."
Ce hadith montre la sévérité avec laquelle l'Islam aborde l'usure, en condamnant non seulement ceux qui en tirent profit, mais aussi tous ceux qui facilitent ou participent à ce type de transaction.
- Hadith rapporté par Bukhari :
"Évitez les sept péchés destructeurs : l'association à Allah, la sorcellerie, tuer une vie que Dieu a interdite, consommer l'intérêt (Riba), consommer les biens des orphelins, fuir le jour de la bataille, et accuser faussement les femmes croyantes, innocentes et chastes."
La consommation de Riba est placée au même niveau que certains des plus grands péchés dans l'Islam, soulignant encore une fois sa gravité.
Les raisons de l'interdiction du Riba
L'interdiction du Riba repose sur plusieurs raisons sociales et morales :
- Justice et Équité : Le Riba est considéré comme une forme d'injustice car il profite au prêteur au détriment de l'emprunteur, souvent en période de besoin ou de vulnérabilité.
- Stabilité Économique : Les transactions basées sur l'usure peuvent conduire à l'accumulation de dettes et à l'instabilité économique. L'Islam favorise les transactions qui ne reposent pas sur l'exploitation.
- Préservation de la Solidarité : Le système économique islamique encourage la solidarité et la coopération plutôt que l'exploitation. Le Zakat (aumône) et le Qard Hasan (prêt sans intérêt) sont des exemples de soutien aux nécessiteux sans les accabler.
Les alternatives au Riba dans la finance islamique
La finance islamique propose des alternatives au Riba, basées sur des principes éthiques et justes :
- Mudarabah : Un partenariat où un investisseur fournit le capital et l'entrepreneur gère le projet. Les profits sont partagés selon un accord préalable, mais les pertes sont supportées par le capitaliste.
- Musharakah : Un partenariat où tous les partenaires investissent du capital et partagent les profits et les pertes proportionnellement à leur investissement.
- Murabaha : Un contrat de vente où le vendeur révèle le coût d'achat de l'article et ajoute une marge bénéficiaire, convenu par les deux parties. Cela permet de financer sans intérêt.
- Ijara : Un contrat de location où l'actif est loué contre un paiement régulier. C'est une alternative à l'achat à crédit avec intérêt.
Fatwas et avis des savants contemporains
Les savants contemporains continuent de réitérer l'interdiction du Riba et fournissent des conseils sur la façon de naviguer dans les systèmes économiques modernes :
- Fatwa du Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche :
"Les musulmans doivent éviter toutes les formes de transactions usuraires, que ce soit en prenant ou en payant des intérêts, et doivent chercher des alternatives islamiques pour leurs besoins financiers." - Cheikh Yusuf al-Qaradawi :
"Le Riba est un péché majeur dans l'Islam. Il est de la responsabilité des musulmans de trouver des moyens halal (licites) de gérer leurs affaires financières."
Ces avis reflètent un consensus fort parmi les savants sur l'inadmissibilité du Riba et l'importance de la conformité aux principes islamiques.
Conclusion
L'interdiction du Riba est un principe fondamental de la finance islamique, visant à promouvoir la justice, l'équité et la stabilité économique. En évitant le prêt usurier, les musulmans adhèrent non seulement aux commandements divins, mais contribuent également à une économie plus juste et équilibrée. Il est essentiel pour les musulmans de comprendre cette interdiction, de reconnaître ses implications profondes et de chercher activement des alternatives compatibles avec les principes islamiques.